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Avec les mêmes moyens, les CHSLD privés font beaucoup mieux que les publics, note l’IEDM

 

Le vieillissement de la population représente l’un des plus grands défis de l’histoire du système de santé québécois, et les Centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) sont parmi les établissements où la pression démographique se fait le plus ressentir. Or, dans une note publiée jeudi, l’Institut économique de Montréal (IEDM) indique que l’État possède déjà une bonne partie de la réponse au problème. Mais il semble réticent à l’utiliser…

La solution, selon l’IEDM? Les CHSLD privés «conventionnés». Ces établissements sont gérés par des entrepreneurs, mais financés directement par l’État. À l’heure actuelle, sur les 432 établissements financés par Québec, 62 sont gérées par des intérêts privés.

Le CHSDL St-Georges, situé sur le Plateau Mont-Royal à Montréal, est un établissement privé conventionné.
Patrick Déry, analyste en politiques publiques à l’IEDM, a analysé les rapports de visites d’évaluation du ministère de la Santé et des Services sociaux effectuées dans près de la moitié des CHSLD du Québec. Les disparités entre les performances des établissements privés conventionnés et des établissements purement publics sont frappantes.

«Parmi les établissements privés conventionnés, 70 % avaient été évalués par le ministère comme offrant un milieu de vie « très adéquat », contre seulement 17 % dans les CHSLD entièrement publics. Aucun CHSLD privé conventionné n’a reçu la mention « préoccupant », contre 15 % des CHSLD gérés par l’État», peut-on lire dans son texte.

Pourtant, la clientèle, les conditions de travail, les modalités d’accès, les coûts d’hébergement et le financement sont identiques pour les deux types d’établissements.

Esprit entrepreneurial

En entrevue avec le HuffPost Québec, Patrick Déry a avancé que la culture entrepreneuriale expliquait en grande partie le succès des CHSLD conventionnés.

«L’esprit entrepreneurial, avec un gestionnaire sur place qui prend des décisions et qui peut s’ajuster plus rapidement aux besoins de sa clientèle, fait une différence énorme.»

Par contraste, il estime qu’une certaine lourdeur administrative nuit aux établissements publics.

Gaétan Barrette avait invité les journalistes à venir déguster les nouveaux repas offerts dans les CHSLD de la province, à l’automne 2016.
«Le système de santé québécois au complet est dans une dynamique très bureaucratique. Quand chaque décision est centralisée, c’est normal que ce soit plus long», juge l’analyste.

«À l’intérieur d’un système de santé universel, ce n’est pas nécessaire que l’État gère tout jusqu’aux concierges et aux menus qui semblent chers au ministre Barrette», illustre-t-il.

L’épouvantail du privé

Patrick Déry estime par ailleurs que les Québécois ne doivent pas avoir peur de la présence du secteur privé dans le domaine de la santé.

«Le terme fait peur, mais « privé », ça veut dire entrepreneuriat.» Patrick Déry, IEDM

Le concept de profitabilité peut laisser craindre des dérives lorsqu’il est question de la santé des personnes âgées. Mais des balises ont été mises en place pour éviter que les gestionnaires de CHSLD conventionnés fassent des profits en coupant dans les soins offerts.

En effet, s’il y a des sommes non utilisées dans la partie du financement dédiée aux soins, les établissements sont tenus de les retourner à l’État. C’est donc ailleurs que les entrepreneurs réalisent leurs profits, en coupant dans les dépenses administratives, par exemple.

«Et en plus, ils paient des taxes et des impôts», rappelle M. Déry.

«Tant que vous avez de la transparence et qu’on est capable de comparer facilement qui fait bien et qui fait moins bien, ça ne devrait pas être inquiétant», estime l’analyste, tout en déplorant le recul du Québec sur la question.

«On manque beaucoup de transparence dans notre système de santé», déplore-t-il. Selon lui, l’abolition du poste de Commissaire à la santé et au bien-être, en 2016, était une grave erreur. «On avait un chien de garde qui ne coûtait pas cher et on l’a aboli», se désole-t-il.

Un besoin criant

Le système de santé québécois devra mettre les bouchées doubles pour faire face à la demande grandissante pour des places en CHSLD.

Déjà, le temps d’attente moyen pour une place est de dix mois, selon les données les plus récentes disponibles. D’ici 2031, l’Institut de la statistique du Québec prévoit que la population de 75 ans et plus va presque doubler. Il est donc impératif de régler la pénurie de places en CHSLD.

«On devrait non seulement utiliser le système de CHSLD conventionnés, mais l’étendre», argue Patrick Déry.

Pourtant, le gouvernement du Québec ne semble pas très chaud à l’idée. Aucun nouveau permis n’a été délivré pour des établissements du genre depuis 1990.

Le ministère de la Santé et des Services n’avait pas répondu aux questions du HuffPost Québec au moment de publier cet article.

Des exemples ailleurs

Patrick Déry espère que les succès des CHSLD conventionnés – mais aussi des résidences privées pour personnes âgées – encourageront le système de santé québécois à abandonner ses réticences face au secteur public.

«On devrait s’inspirer de ça pour le développement du réseau de CHSLD au cours des prochaines années, mais aussi pour le réseau d’établissements hospitaliers», croit-il.

Pour l’instant, un seul hôpital québécois fonctionne sur le modèle des établissements conventionnés: l’hôpital Shriners pour enfants de Montréal.

«C’est un hôpital qui a une excellente réputation. Ce n’est pas quelque chose d’exceptionnel. L’Angleterre et la Suède, par exemple, ont des modèles semblables», note l’analyste.

 

Source: HuffingtonPost Québec

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